Chers Lecteurs,
Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous un moment très particulier dans ma vie de cavalière propriétaire. Vous savez, ce moment où le ventre d’une femme s’arrrondit, où elle est convaincue qu’une baleine serait plus mince qu’elle même si vous lui répétez qu’elle est superbe, où elle a mal de -ci, de-là, et où elle est juste ingérable pour vous les gars ? Oui, oui, c’est ça: la grossesse.
Alors non, je ne vous ferai pas partager ce qu’a été pour moi cette période. Personnel, intime et totalement inapproprié au thème de ce blog. Je n’écrirai pas non plus un énième article sur les recommandations diverses et paradoxales données aux femmes enceintes par rapport aux travaux d’écurie et au sport. Par contre, je vais vous parler un peu de l’influence de cet état sur ma vie équestre d’alors. Et pour commencer, la photo que je pensais ne jamais exposer aux yeux de qui que ce soit mais qui est bien trop parlante pour que je la garde jalousement au fin fond de mon disque dur:

Lily & I, juin 2013 – Elle n’a jamais été plus belle qu’alors – Photo ES Photography
Pour poser le contexte, imaginez une jument TF de 5 ans, qui en a vraisemblablement bavé à l’entrainement (traces de fractures mal soignées ) , pas vraiment amie avec les hommes ni avec moi malgré l’année que nous venons de passer ensemble, passant de la fuite à la posture agressive en un tourne-sabot, avec un comportement de troupeau dominant et possessif et ne montrant pas vraiment de signe d’attachement à qui que ce soit sinon à une seule autre jument qui a trouvé grâce à ses yeux: sa voisine de box. J’ignore ce que vous voyez sur cette image mais ce qui m’interpelle ici (hors ma tête de zombie :p ) c’est justement l’attitude de ma jument. Cette posture n’aurait pas pu être captée à un autre moment. En réalité, c’est lors de cette grossesse qu’elle m’a montré les premiers signes d’intérêt.
Elle qui restait froide à toutes mes attentions, à la douceur dont je l’entourais, qui se montrait pire que têtue au travail et carrément rebelle à certains exercices, qui semblait retirée dans son monde intérieur et m’obligeait à déployer toutes mes capacités mentales pour que nos rapports restent sécures et positifs … est petit-à-petit venue vers moi. Elle qui, d’ordinaire, n’approchait le nez que pour attrapper ses carottes du bout des dents venait poser le menton sur mon ventre et ses oreilles, qui manifestaient régulièrement de l’ennui ou de la colère, bougeaient en tous sens comme en signe de curiosité. Elle montrait, ENFIN, des comportements doux. INTERET et DOUCEUR. La seule période où je l’ai vue présenter ces deux caractéristiques.
Attention, nous ne baignions pas dans une relation bisounours où tout était parfait. Je ne la montais plus (promesse au futur au papa) mais travaillais à pied et elle ne m’épargnait pas plus qu’avant. A l’écurie, par contre, j’avais enfin le cheval idéal, qui se bouge quand votre orteil s’approche imprudemment, qui s’écarte pour vous laisser passer entre lui et le mur, qui donne gentiment ses pieds, qui se laisse démêler crinière et queue sans bouger et même soigner les yeux sans « hiii »-dire…
A cette époque, je me suis alors posé beaucoup de questions (en plus de celles que toute femme se pose en pareilles circonstances) quant à la « personnalité » de « Lily » et presque 4 ans plus tard… elle est au paradis et je n’ai aucune réponse.
Pourquoi a-t-elle modifié son comportement à ce moment-là ? Ai-je modifié le mien en un sens qui était positif pour elle sans que j’en aie conscience ? Mon état lui a-t-il donné du « grain à moudre » en temps que jument via hormones et phéromones ? Etait-ce simplement dû à un changement d’écurie positif et a une nouvelle amitié chevaline qui ont simplement coïncidé avec cet évènement ? Etait-ce un mélange de tout cela ? D’autres raisons que je n’imagine pas encore ?
Quelques mois après la naissance de mon fils et notre déménagement, j’ai voulu rapprocher la belle de mon lieu de vie et… ce fût la cata pour un paquet de raisons dont j’hésite encore à parler sur le web… Pour autant, si je sais, au feeling près, ce qui a conduit ma jument à la mort.. Je me demande si, quand son comportement est repassé en mode « autiste » , je n’aurais pas pu puiser dans notre expérience « grossesse »pour nous ouvrir un autre chemin que celui que nous avons emprunté.
Bref, ce qui est fait est fait et aujourd’hui il me reste, à côté de ma douleur et de mes grandes questions, quelques certitudes : elle ne souffre plus, ni par ma faute ni par celle d’autres « humains »; je ne laisserai plus jamais personne décider à ma place du sort d’un de mes chevaux; et enfin, je saurai puiser dans cette expérience les détails qui m’apparaissent au fil du temps et que je n’aurais pas pu voir « le nez dans le guidon »… d’ailleurs, j’y ai déjà puisé une force immense : celle de savoir m’adapter aux chevaux que je rencontre… moyennant qu’on me laisse assez de champ … 😉
Cette grossesse a été, pour moi, un révélateur de « qui » était réellement Lily… le drame a été que quelques personnes soient parvenues à me le faire oublier, aidées par une maladie qui est à présent derrière moi mais qui m’avait ôté mon libre arbitre et qui m’ a coûté ce que j’avais de plus cher alors.
Voilà, Chers Lecteurs, un article peut-être un peu « pathos » , sur un ton auquel je ne vous ai pas habitués. Aujourd’hui était le bon jour … alors merci de m’avoir lue et j’espère que, peut-être, quelqu’un pourra y trouver une inspiration quelconque pour un cheval en particulier ou pour lui-même.
A bientôt,
Horses HInts
Très touchant et instructif témoignage! Merci
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Merci pour ta lecture 🙂
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Je ne connais rien de la grossesse, mais je suis touchée par ton article. Ton témoignage ouvre beaucoup de porte et pose beaucoup de questions sur nos relations avec les chevaux 🙂
Encore plus, j’ai envie d’explorer plus loin tout ce qui nous lie profondément aux chevaux…
J’espère que tu pourras surmonter cette douleur. En tout cas, ton témoignage remue quelque chose en moi… 🙂
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Merci pour ta lecture et ta réponse Galopine. La douleur est toujours là, sans doute parce que les circonstances troubles n’aident pas à accepter les faits mais comme tu peux le lire partout sur le blog, j’avance pas mal 😉 Encore merci pour tes mots.
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Très bel article !
Signé l’humaine de la voisine de box 🙂
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Bienvenue ici Julie. Merci pour ton passage et pour tes mots. La « voisine de box » a beaucoup compté et j’espère qu’elle se porte toujours bien.
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Deux personnalités atypiques qui s’étaient trouvées… Ushra n’a plus jamais développé d’amitié pour un autre cheval depuis. Cela pose problème dans ses sorties au pré puisqu’elle refuse bien souvent d’y rester, que ce soit seule (logique) ou en groupe.
Pour le reste, on avance, nous ne parvenons pas encore à faire certaines choses mais je suis super contente de ce que nous nous faisons ensemble, en harmonie !
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Je ne m’attendais pas vraiment à ce que la réaction d’Ushra soit aussi forte. Bien sûr, je ne la connaissais pas vraiment alors… C’est bien dommage pour ses sorties! Elle va bien finir par trouver un nouvel ami… du moins je l’espère pour vous deux. Si vous êtes en harmonie c’est « tout » de gagné je dirais 🙂 « Y’a pu qu’à .. » Pas à pas. Le bonheur est bien souvent sur le chemin.
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Personne ne pouvait s’attendre à ça… même pas moi ! Chaque entrée de belle saison, je galère à lui faire accepter les sorties, ça fait partie d’elle, de ses difficultés et donc de son charme 🙂
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Si tu veux discuter, tu sais où me joindre 😉
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